Ouvrage de 1984 : Du nouveau sur la famille, la jeunesse, la destinée spirituelle du fondateur de la Croix-Rouge ; Poète autant qu’historien dans sa quête de vérité, Gabriel Mützenberg pose sur le monde et sur l’homme un regard profond. Qu’il se penche sur la ville de son enfance au destin spirituel unique — L'Obsession calviniste — ou qu’il évoque le lieu d’un mémorable exil, les Grisons — Le Prisonnier d’innsbruck, Destin de la langue et de la littérature rhéto-romanes, Anthologie rhéto-romane — il a l’art, d’une plume vive et nuancée, de dessiner les silhouettes qui l’ont séduit: Paracelse ou Calvin, Blasius Alexander ou Jan Hus, Kierkegaard ou Pierre Bovet... Réformateurs, pédagogues, savants et philosophes, poètes... Sans parler d’un Luther, d'un Pestalozzi, d’un Louis Gaussen, ou de telle cité, qui pose aussi son personnage, comme telle école, telle institution, telle période de l’histoire — sa thèse: Genève 1830. Restauration de l'école — et même tel type d’église (stavkirke), tel paysage qu'on n’oublie plus...
Aujourd’hui Dunant. Un jeune à la conquête du monde. Saisi par l’Evangile. Expliqué par sa famille, son milieu, ses origines spirituelles, la cité qui l’a porté, héritière de Calvin... Un homme prédestiné à une grande œuvre. Peut-être écrasé par elle. Mais vainqueur.
Alors ? Le Dunant de toujours, fondateur de la Croix-Rouge ? Sans doute. Mais aussi un Dunant nouveau, insolite, que vous découvrirez. Des vues originales donc. L’auteur, président de la Société évangélique, met en lumière des figures jusqu’à ce jour demeurées dans l’ombre: le grand-père financier malchanceux, errant; l’oncle humanitaire et pacifiste, ami des animaux et qui nous ouvre, avec beaucoup d’autres textes, les dix-huit cahiers de son Journal de collégien; le père vingt ans négociant à Marseille, où Genevois et Saint-Gallois se rencontrent; la mère au cœur sensible et tendre... Quant à l’apostolat parmi les jeunes, à l’origine des Unions chrétiennes, il révèle un homme de haute destinée spirituelle.
C’est dire que cet ouvrage illustré, de belle venue, apporte à un personnage dont on connaît la légende plus que l’histoire un portrait rectifié de valeur. Il plonge aussi avec bonheur dans le cœur profond de la vieille Genève. Enfin, il montre à quel point l’influence du Réveil, et singulièrement de la Société évangélique, a été forte sur Dunant.