ouvrage de 1957 Helmut Gollwitzer (1908-1993) était un théologien et auteur protestant allemand ( luthérien ).
INTRODUCTION (Luc, 1, 1-4.) : L’auteur (= L'évangtéliste Luc) nous accueille lui-même au seuil de son récit.Il se présente, et nous avons alors le privilège d’écouter cette narration réservée à son ami Théophile , un grec . C’est pourquoi Luc salue son ami dans ce style très étudié qui donne à son évangile une finesse hellénique particulière. Cela est confirmé par tout le récit. Mais, avant tout, Luc cherche à montrer à son lecteur grec que le joyeux message lui est destiné, à lui, le païen, primitivement exclu de la promesse. C’est pourquoi sa généalogie de Jésus ne remonte pas seulement à Abraham (Matthieu 1, 2) mais bien jusqu’à Adam (Luc 3, 38) afin que son ami Théophile — qui n’est pas un fils d’Abraham, mais assurément un fils d’Adam — reconnaisse Christ comme son frère; c’est pourquoi aussi Siméon chante " la lumière pour éclairer les nations" (2, 32). C’est pourquoi enfin Luc s’attache avec tant de souci à représenter Jésus comme le Sauveur, le porteur de salut à " ceux qui sont assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort " (1, 79), c’est-à-dire aux pécheurs, aux péagers, aux Samaritains et donc aussi à tous les païens. Généralement on admet que le rédacteur de cet Evangile est le " médecin bien aimé Luc " (Col. 4, 14), le compagnon de voyage et le soutien de l’apôtre Paul (Philemon 24, 2 Tim. 4, 11, peut-être aussi 2 Cor. 8, 18), celui d’autre part qui se tient près de Paul dans sa captivité romaine. Dans ce cas l’image de Jésus comme Sauveur des pécheurs et des païens, nous apparaît comme une louange reconnaissante de l’homme qui en a fait lui-même l’expérience. Parmi les rédacteurs du Nouveau Testament, seul Luc est d’origine païenne et non juive; et il dit sa reconnaissance pour la délivrance dont il a été l’objet en décrivant à son ami Théophile, païen aussi, Jésus comme leur Sauveur. Ainsi Théophile pourra répondre à la promesse de son nom et devenir un homme « qui aime Dieu » ; <il est en effet impossible d’aimer Dieu avant d’avoir reconnu et saisi par la foi sa miséricorde. Car Dieu est alors "objectum amabile" (= objet d'adoration aimable et adorable) et tourne vers nous une face aimable et bienheureuse (Apol. Conf. Augsb., IV). |