Georg Friederich Händel est un compositeur saxon, devenu sujet anglais  Haendel personnifie souvent de nos jours l'apogée de la musique baroque aux côtés de Jean-Sébastien Bach1,2Antonio VivaldiGeorg Philipp Telemann3 et Jean-Philippe Rameau, et l'on peut considérer que l'ère de la musique baroque européenne prend fin avec l'achèvement de l’œuvre de Haendel

Dans «Le Messie», oratorio de Haendel se rattachant aux traditions italiennes, la vie de Jésus est restituée avec souci d’objectivation, d’une manière parfaitement consciente et presque avec distanciation. L’homme de théâtre qu’était au fond Haendel situe le récit de l’Evangile sur une scène imagi­naire, se porte avec élan à la rencontre des moments qui constituent les paroxysmes dramatiques et contemple la vie et la Passion de Jésus avec une joyeuse et fière certitude du salut au lieu d’un esprit de contrition.

Comparé à Bach et à sa piété religieuse, Haendel est pour ainsi dire le plus moderne des deux compositeurs, pleinement conscient de son propre moi. L’objectivité de Haendel ne se borne pas à représenter la vie de Jésus telle que nous la transmettent les quatre Evangiles. La personne du Christ est placée dans une continuité faite du passé, du présent et du futur, Haendel précédant en quelque sorte comme un historien. Le passé, que représente l’Ancien Testament, existe comme fond, que ce soit dans l’adoption de passages des Ecritures et de prophéties de l’Ancien Testa­ment, dans l’identification du chœur, dans une large mesure, au «peuple élu» et enfin dans le recours au messianisme qui se manifeste déjà dans le titre de l’oratorio consacré au Christ. «Le Messie» est emprunté à l’hébreu et signifie «l’Oint», le roi oint du Seigneur et destiné à réaliser l’avènement du royaume de Dieu. Il se peut que cet aspect soit motivé par les rapports étroits existant entre l’Eglise anglicane et l’Ancien Testa­ment; l’oratorio de Haendel tirait son origine de l’Angleterre du puritanisme anglican. La figure du Christ est retracée sous nos yeux et c'est comme une vision du futur que se dessine le royaume du Christ, auquel il est rendu hommage dans l’Alléluia, dans le chœur «Hoch tut euch auf, und ôffnet euch weit, ihr Tore der Welt» (Levez la tête, ô portails éternels) et dans le puissant chœur final. Le Messie promis s’approche, accomplit sa mission dans les souffrances et dans la mort et continue à vivre pour l’éternité comme roi de son peuple croyant.


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