Roman historique sur la persécution des protestants au XVIIIème Siècle en France.
Ouvrage de 1963 - Collection «LE PHARE-JUNIOR»
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NOTICE HISTORIQUE : En l’an 1732 — époque où se passe cette histoire — le protestantisme, en France, était non seulement interdit, mais combattu et persécuté, et les protestants traités en parias.Les temples avaient été démolis, les pasteurs arrêtés, bridés ou pendus et ceux qui avaient pu échapper aux poursuites se trouvaient exilés, dans les pays protestants où ils s’étaient réfugiés. Des régiments de dragons, les « missionnaires bottés », occupaient les régions les plus pleuplées de hugue nots, pillaient les maisons et traitaient cruellement ceux qui refusaient de renier leur foi. Beaucoup de protestants furent contraints d’abjurer.
On les appela les « Nouveaux convertis ». Les irréductibles, préférèrent abandonner tous leurs biens et leur pays, pour aller vivre, après un périlleux voyage, en Suisse, en Hollande, en Allemagne, partout où il leur était possible de pratiquer librement leur religion. Mais une conversion obtenue par la violence n’était pas sincère. Bientôt, les « Nouveaux convertis » regrettèrent amèrement leur abjuration et recommencèrent à célébrer clandestinement le culte défendu.
En famille, d’abord, dans leur maison, où le père, le soir, lisait la Bible tirée d’une cachette sûre. Car, si l’on trouvait chez lui le Livre interdit, il était immédiatement emmené en prison ou envoyé aux « galères », ramer sur les navires, enchaînés et mêlés aux forçats et aux pires criminels, sa femme enfermée dans les geôles de Sommières ou dans la fameuse Tour de Constance, d’Aigues-Mortes, ses enfants jetés dans des couvents, sa maison rasée.
Bientôt, pour remplacer les pasteurs mis à mort, brûlés, pendus, suppliciés ou exilés, des hommes inspirés — simples ouvriers, bergers, maîtres d’école, se levèrent et célébrèrent le culte de leur mieux, en de grandes assemblées qui se tenaient, de nuit, dans des endroits isolés, au « Désert », comme on disait alors. Chacun savait, en s’y rendant, qu’il risquait sa liberté et peut-être sa vie. Mais, fidèlement, et par milliers, les huguenots couraient écouter avidement la Parole de Dieu. Parfois, les dragons surprenaient l’assemblée, faisaient des prisonniers, tiraient sur les fuyards. Mais, malgré le danger et de multiples épreuves, les protestants résistèrent à la persécution et parvinrent à maintenir leur religion.
Plus tard, de véritables pasteurs, formés au Séminaire fondé à Lausanne par Antoine Court, revinrent en France, ayant fait des études régulières et reçu la consécration. Ils réorganisèrent, dans la clandestinité, les Eglises protestantes.
Paul Rabaut, fut un de ceux-là. Pasteur du Désert à Nîmes, sans cesse traqué, sa tête mise à prix, il échappa toute sa vie aux poursuites, jusqu’au jour où son fils, Rabaut-Saint-Ecienne, député à l’Assemblée Constituante, obtint, par un admirable discours sur la liberté de conscience, que fut inscrite dans les « Droits de l’homme et du citoyen », cette simple phrase : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses ».
Désormais, les protestants de France étaient libres mais ils avaient dû souffrir plus de deux siècles et demi, avant que fut reconnu leur droit à l’existence.