Ouvrage de 1929 ; 

p 312 Le Service. Après le Christ, chez les apôtres.

Si l’idée de service est l’essence de l’ Évangile, elle devra se retrouver au centre de l’enseignement apostolique. Il en est ainsi tout particulièrement dans Paul et dans Pierre.

1° On peut citer dans le grand discours de Pierre à Jérusalem l’expression humaine de serviteur (Παις)donnée à Jésus Act. III, 26; IV, 27, 30.

2° Paul se donne continuellement le titre : δουλος de Jésus- Christ (Rom. I, 1), (Phil. I, 1.)

Paul oppose à l’ancien esclavage du péché, sous la Loi —le service nouveau de Dieu accepté librement, le régime de l’ Esprit (Rom. VI, 16-19, Rom. VII, 6). La révélation de l’Évangile que Paul a reçue du Christ lui-même en a fait du même coup le serviteur du Christ : c’est ainsi que dans Gal. I, Paul présente en raccourci l’histoire de son ministère.

3° La communauté chrétienne en se constituant s’organise en service social.

Des διακόνοι sont établis, qui reçoivent de l’Église même la charge de servir... puis des diaconesses (Act. VI, 1, 2 — Service des tables). Paul fait le voyage de Jérusalem porteur d’une collecte pour les pauvres : il va (pour le service des fidèles) (Rom. XV, 26). Paul en même temps qu’il exhorte les Romains à servir le Seigneur énumère la longue liste des services qu’on pourrait appeler la monnaie courante de la vie quotidienne (Rom. XII).

4° Le mouvement de la pensée dans les épltres pauliniennes passe de plain pied par une sorte de logique interne, de la foi et de ses affirmations à la vie, à la pratique du service. Ne pas faire du bien à nos frères, mais leur faire du mal, c’est se conduire de façon charnelle, tout humaine, ne pas être les hommes de l’Esprit (I Cor. III, 3). Le chrétien est l’esclave de ses frères, leur serviteur pour l’amour de Jésus (II. Cor. IV, 6). — Paul parlant (I Cor. XVI, 15,16) de la famille de Stéphanas qui se consacre au « service des saints » demande, « prie » qu’on « ait du respect pour de telles gens , apparemment parce que c’est de telles qui honorent eux- mêmes l’Église.

L’épître aux Galates développe longuement et ardemment l’idée que si Dieu a arraché le croyant à la servitude de la loi et l’a fait un homme libre, c’est en vue de ce grand et magnifique événement : cet homme se sert de sa liberté pour se faire « par charité le serviteur des autres » (Gal. V, 13).

5° Enfin, Paul met en relief l’idée de solidarité, de solidarité libre, dont il fait le contrefort de l’idée de charité : αγάπη que la Vulgate traduit par caritas, l’amour actif. On connaît, mais on admire toujours à nouveau le double hymne — à  l’Église, corps du Christ, où les fidèles sont tous membres les uns des autres, où tous les membres souffrent quand un membre souffre, et à l’amour qui s’achève sur cette affirmation triomphale :

« Maintenant ces trois vertus demeurent : la foi, l’espérance et la charité, mais la plus grande est la charité. » (II, I, Cor. XII et XIII.)


Le Christianisme d’aujourd’hui : une culture qui périclite...................................................................................... 1

L’essence du Christianisme : servir............................................. 4

Comment le Christ servit.............................................................. 17

Servir la vie du disciple................................................................ 33

Le Service décrit........................................................................... 49

Servir, un christianisme nouveau................................................. 75

Ce que servir n’est pas. — Éclaircissement par les objections.................................................................................. 151

Ce qui changera dans l’Église...................................................... 203

Servir, la question du temps présent............................................ 253

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